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20/07/2004

Une feuille de bananier 




Dead Man de Jim Jarmusch



Je vois une porte s’ouvrir. Voilà tout. Le générique rappelle furieusement celui de Kill Bill 2 et son emprunt au western, par le deuxième cinéaste américain le plus référencé. Mais là, ce n’est pas du collage, de la réutilisation ;tout est neuf, à commencé par la musique de Neil Young. Je ne dis pas que c’est une meilleure technique, elle est seulement plus classique. Johnny Depp y est magnifique, son visage ne montrant pas encore les stigmates de l’iconisation. Son personnage, William Blake, est une de ceux qui paraissent réels, familiers, sans que l’on en sache beaucoup sur l’endroit d’où ils viennent et le pourquoi de leur venue. Bien sûr, Blake vient de Cleveland, et il est là pour une place de comptable. Cela coule de source, sans être appuyé, mais ça n’explique pas pourquoi il fuit, pourquoi dès qu’il arrive quelque part, tout le monde le regarde étrangement, qu’il soit au far west, à l’usine, dans le train, ou dans un village indien. Il ne sait pas si tout ces gens sont hostiles ou amicaux, il ne sait même pas si c’est vraiment lui qu’ils regardent. Je ressens tellement ça depuis quelque temps, à chaque fois que je marche dans la rue. La puissance de Jarmusch est de n’appuyer sur rien, de ne rien accentuer dans les dialogues ou les poses, il laisse les situations parler pour elles-mêmes, il laisse la caméra diriger le plateau, ce qui peut se révéler désastreux quand il n’a pas réussi à écrire le bon scénario. Il n’en est rien, le voyage de Blake est tout en chute, une seule et longue chute commencée dans le train déjà, une chute qui ne peut amener qu’à un point : la disparition. Voilà comment finit Blake, comment finit le film. Rien n’est gâché parce qu’on le comprend dès la première image, et surtout, la première note de musique. La vie de Blake n’a aucun sens, aucun intérêt, ni bonne ni mauvaise, ni grandiose ni ennuyeuse. Le rôle des forces qui gouvernent ce monde n’est pas de supprimer ces vies, mais de les absorber, de les sublimer sans rien n’y changé. « Désormais, le pistolet sera ta poésie ». Nobody ne se trompe jamais d’homonyme, il sait inconsciement que William Blake n’est pas le William Blake, et en réalité, la poésie que pratiquait William n’était pas en mots, mais en vie, en sentiments et en humeurs. Nobody, le messager de Dieu répondant au nom de Dieu lui-même (« celui qui parle fort pour ne rien dire ») est là pour clore la vie de Blake, qui meurt du pistolet de Charlie Dickinson. Tout ce qui intervient après ce coup de feu est le chemin vers la félicité, par la mort. La mort en soi, la mort prodigué. Blake, l’homme ordinaire, remet l’ordre dans le monde, tout en restant l’inconnu raté qu’il est. Je me remémore Séance encore et encore, le prêtre disait « la voie de l’homme ordinaire est celle qui mène au paradis ». Blake est l’homme ordinaire, tout ce qui lui arrive est ordinaire, et traité de manière ordinaire par le noir et blanc. L’homme ordinaire trahit sa propre race, car sans cela, il deviendrait un exploiteur, le complice de meurtres qui ferait de lui, comme tout le monde, un homme sanguinaire, et non plus ordinaire, un homme qui veut voir le sang dans une flaque d’eau plutôt que dans des artères. L’homme ordinaire ne fait pas de vagues, il vogue sur l’eau et les bénit de le porter. L’homme ordinaire tue, pour redevenir normale, pour venger le monde de ses changements. L’homme ordinaire a une plaie en lui, il est une victime, c’est pour cela que des choses lui sont permise. L’homme ordinaire a le droit de tout faire pour refermer la plaie, mais il apprendrait qu’elle ne fait que s’agrandir et que la solution est la mutation, la sortie de l’esprit hors du corps, hors du cocon.





Les Pixies aux Eurockéennes –Belfort

Il y aura un avant et un après ce concert, la chose est entendue. Le groupe monte sur scène, enchaîne les chansons à profusions, très rapidement, fait semblant d’être rappelé avant de véritablement finir dans le sourire. Sauf que voilà, à trop jouer, trop vite et trop vieux, on a même plus le temps de savourer ses favorites, de se rappeler la setlist, de jeter un œil heureux à son voisin. Non, il n’y a pas de magie, il n’y a pas de surprise. Fast music, jouée, oubliée. C’est triste à dire, mais depuis, je ne ressens plus grand chose en écoutant les Pixies, je ne me rappelle même plus des images du concert, de tout ce que cela représente. Bien sûr, c’est peut-être du au monde, incroyable sur la grande scène, au fait que les t-shirts Pixies sont ceux vendus les plus chers, et que l’on voit partout des gens affichant le groupe, alors qu’encore un an auparavant, on pouvait en parler en société sans que personne ne connaisse. C’est égoïste bien sûr, et pourtant cela évite que des types avec un joint et des dreadlocks, ou en école de commerce, le visage bronzés, ou des garçons et des filles qui ne dégagent rien, pas de sentiments, juste le reflet du monde, disent adorer les Pixies et saute dans tout les sens à leur concert,montrent qu’ils sont quand même vachement indie, et finissent par rentrer chez eux en écoutant Le Peuple de l’Herbe ou Korn dans la voiture. Ont-ils jamais écouté un disque casque, ont-ils jamais pleuré ? Les Pixies sont morts.


Quand j’écris, j’ai un défaut. Je cherche à exprimer une situation, à mettre en place une scène et toutes les idées que j’ai à ce sujet, jusqu’à ce que je m’épuise. A ce moment, je trouve une dernière idée, et je clos. Je ne devrais jamais faire ça, c’est terriblement stupide et vain. Ecrire une histoire, dans toutes les situations, c’est aller d’un point A à un point B. A la base, c’est aller du début à la fin. Ce principe est valable partout, dans chaque scène, les personnages avancent, reculent, vont de gauche à droite, de droite à gauche. Il y a tout le temps du mouvement, même l’immobilité est un mouvement, si on la traite comme telle. Il s’agit simplement de traiter le mouvement qui est à la base de toute existence, et donc, de toute véracité.



Amours Chiennes de Alejandro Gonzalez Inarritu


J’ai d’abord pensé au génie. Et puis non, finalement, en comparaison avec Dead Man, Amours Chiennes n’est qu’un bon film parmi les autres. 21 grammes tiendrait déjà plus du chef d’œuvre. C’est tout de même un sacré bon film, qui traite de personnages étranges et étrangers à nous-mêmes, au sein de Mexico, ville qui si elle imite notre civilisation, s’en éloigne bien plus qu’on ne peut l’imaginer. A cause de cela aussi, le film semble étranger au cœur occidentale que nous possédons, c’est ce qui m’empêche de l’encenser plus que tout, certaines parties ont incompréhensible à notre raison ;les acteurs sont mexicains, les auteurs, le réalisateur. Le spectateur doit l’être aussi. Il doit faire l’effort de l’autre, de ressentir l’histoire et la pollution. Il y a tout, l’oubli et l’abandon, il y a l’adultère, et l’amour chien, partout. Pourquoi l’on aime, vraiment, un homme méchant, pourquoi l’on quitte sa famille pour la guérilla, pourquoi l’on se hait dès que les problèmes arrivent, pourquoi le destin est-il cruel. Tout ça vaut, tout ces comportements sont aussi nuls, critiquables, haïssables ;certains seront plus proches de vous, c’est sûr. C’est tout cela qui f ait que ce film est bon, bien que je maintienne qu’il faille une âme latine.


Est-il possible qu’en grandissant, en gagnant de l’assurance et de la force, je perde mon potentiel de rêverie et de poésie ? Avant, j’écoutais de la musique, je marchais dans la rue, et des vers me sautaient à l’esprit. Plus rien de cela aujourd’hui, et les forces manquent. J’aimerai écrire des pages et des pages, je crois juste que je suis trop fainéant, que je ne fais rien de mes journées et que j’aime ça. Je vais échouer à cause de tout cela. Je ne veux pas grandir, si ce sont les conséquences, je ne voulais pas grandir, mais ils m’ont forcé.



Le monde est irréel. Certaines personnes s’en rendent compte. Woody Allen et moi. Woody Allen compense l’irréalité par une dose forte de normalité. Exemple : « En résumé, il est clair que l’avenir contient de grandes occasions. Il recèle aussi des pièges. Le problème sera d’éviter les pièges, de saisir les occasions et de rentrer chez soi pour six heures. ». Personnellement, je tente de donner au monde un supplément d’anormalité. Un simple événement de tous les jours, un dialogue banal, sera ressenti comme un dérèglement. La où Woody Allen essaie de rééquilibrer la balance en tirant le monde et les aspirations philosophiques vers le matérialisme afin de pouvoir vivre sereinement, en trouvant quelques réponses aux questions. Dans mes écrits, je remonte la balance au maximum, je fais du monde un lieu d’enfer, pour que l’on puisse rêver au paradis, pour que je puisse marcher chaque jour en me disant « c’est horrible, il y a mieux, mais pas ici, alors il faut attendre ».
J’aimerai écrire en essai, sauf que je suis fainéant.


« Eteindre le soleil avec une poésie »

Le bleu qui sort de l’indigo
Est plus beau que le bleu lui-même
Je préfère être mort que moi-même
Et parce que c’est un châtiment
Plus grand
Ma condamnation à vivre
Est prononcée
Tandis que je regarde
Le curseur disparaître
-réapparaître,
c’est le destin d’un peintre.



« Un dessin raté »

Ce n’est pas copier une mouche
Ce n’est pas dormir dans du papier
Ce n’est pas fixer le ciel
Ce n’est pas être mauvais
Ce n’est pas ne rien faire
Ce n’est pas hésiter
Ce n’est pas s’acheter une belle maison
Ce n’est pas brûler
Ce n’est pas boire
Ce n’est pas voler un faucon,
C’est tout cela et c’est regarder le monde
Comme une pierre noire.




Je ne vois pas pourquoi ma vie est comme ça. Je ne comprends pas. Bien sûr, il y a ce twist dans ma tête. Mais je ne demande pas grand chose. Je ne veux pas les plus belles femmes du monde, je ne veux pas être une rock’n’roll star, ni même un roadie qui se fait sucer en échange d’un pass vip. Je veux juste my girl, celle qui sera la plus belle de mon monde, forcément, et qui ne vivra que pour moi, tout comme je ne vivrai que pour elle. Avant, je pensais que ce rêve se réaliserait tout de suite, dès que j’aurai trouver quelqu’un qui voudra de moi. C’est faux, totalement faux, on est jamais plus seul qu’entouré, on est jamais plus seul que quand on pense à quelqu’un, à quelqu’un qui pense à vous, si peux au final. Pourtant je vois autour de moi, ces couples réussis, et je me dis, pourquoi pas moi. Parce que je n’attire pas les bonnes personnes, bizarrement. Parce que si je les attire au premier abord, ça change dès que l’on me connaît mieux, on ne peut pas me supporter, on ne peut pas m’aimer et me vouloir. Depuis tout petit, j’ai toujours été le garçon mignon, tellement gentil, intelligent, sensible, surprenant et drôle. Et toujours, les gens disaient ça et m’oubliaient, on ne prêtait pas attention à ce que je faisais, à part une fois l’an pour constater que j’étais plutôt bien. C’est ainsi encore et encore, je deviens transparent, personne ne peut s’attacher alors que je ne désire que ça. Pour être attachant, il faut justement ne pas le désirer, il faut être absent, et roublard, et avoir cette noirceur, cette dureté en soi, et il faut qu’elle soit inoffensif envers soi-même. Je l’ai cette noirceur, sauf qu’elle est entièrement tournée contre moi. Je ne souhaite qu’une chose, c’est le bonheur des autres, et le mien. Ça n’intéresse personne, je dois être un monstre, dégouttant à souhait, dont on s’approche peu, mais qui rassure quand on le fait, car je prouve à tout à chacun qu’il y a pire qu’eux et qu’ils peuvent être aimé jusqu’à la mort par quelqu’un qu’ils méprisent. Mon ciel est noir, à tout jamais. Même la personne la plus approprié ne pourra jamais m’aimer, je suis répulsif par tout ce que je dis, fait, et pense. Les autres ont de la chance, le savent-ils ? Je pense au fait qu’il se réveille le matin dans les bras d’une fille qui les aime, ils les embrassent, et demain ça sera pareil, et le jour durant, elle ne quittera pas sa peau. J’aimerai être une baleine, chassée et tuée. Et pourtant, pour l’instant, je me sens encore vivant, je n’ai pas de sachet sur la tête, je n’essai pas d’être étouffé. Je crois que le pire, c’est encore ma lâcheté devant la mort, mon besoin d’être tué par quelqu’un d’autre que moi, tout en sachant que je ne peux pas compter sur quelqu’un d’autre. Tout a une fin, j’attends la mienne, vite. Je voudrai que les choses s’arrangent, simplement, je voudrais qu’elle m’aime, que quelqu’un m’aime et me le dise. C’est un désir simple, peut-être que je ne comprends que ça se mérite, et que justement, je le mérite pas, je ne bats pas assez pour, je ne fais pas assez de sacrifices, d’efforts, là encore, j’attends juste que le harpon détruise mon dos à la surface de l’eau.



07/07/2004

Karen Koltrane 



Vieux souvenir : je suis dans un hôpital, par la fenêtre on peut voir du gazon, un cour d’eau, tout est très joli, bien que synthétique et recrée. Je rends visite à quelqu’un , bien sûr, dans cette chambre qui ressemble à une vraie chambre d’appartement, bien que synthétique et recrée. Une jeune fille aux longs cheveux noirs (cf P.K.Dick) me regarde, dans sa robe blanche et bleue, depuis le lit. Elle me dit quelque chose, les mots ne s’imprègneront pas dans mon esprit, seul reste le sentiment. Cela devait donner quelque chose comme : je n’ai pas besoin de toi / je ne t’aime pas / va-t-en / je n’ai fait que prétendre, tout le temps. Elle dit ça très doucement, j’éviterai les écueils métaphoriques, elle ne s’énerve pas, elle a même l’air triste. Alors je pars, peut-être que je fuis, que j’obéis trop facilement, je sors de la chambre en trombe, et dans le couloir, je change d’avis, et rebrousse chemin, jusqu’à la chambre, à nouveau, la fille est exactement dans la même position, assise dans le lit, la même expression sur le visage, j’approche et je l’embrasse. Sauf qu’elle n’a pas de langue dans la bouche, je ne sens rien du tout, je me rends compte que ce n’est pas normal, que ça n’est pas désagréable, mais qu’il manque quelque chose. Et je repars, pas à cause de ça, simplement parce que c’est ce que je voulais faire dès le début, me faire regretter, disparaître de mon propre gré, rendre quelqu’un triste à cause de moi, parce que cela veut dire que je compte pour moi, qu’elle m’aime en fait, et qu’elle pensera toujours, même dans vingt ans, avec des enfants, elle pensera à moi, au moins une fois par an.


Pas loin de chez moi, sur mon chemin, un clochard s’est installé à un feu de circulation, il a posé ses affaires, des vieux sacs à carreaux, et il se promène sur la route avec un gobelet en plastique dans lequel est plongé une petite cueillere en plastique elle aussi. Il porte une casquette rouge. Il a un visage rectangulaire, une barbe ras la peau, poivre et sel, et des grands yeux bruns. Ce qui ne vous rappèlent rien ? Philip K.Dick. Il parle tout seul, avec un accent alsacien, il parle de Strasbourg, de pistolet, il règle ses comptes, avec quelqu’un d’imaginaire, peut-être un bus entier rempli de personne. Quand je passe devant lui, son regard ne vacille pas, il a le yeux droits devant, il fixe réellement son imaginaire. Je n’ai même pas 1 euro à lui donner, pas seulement dans ma poche, même chez moi. Je ne sais pas. Il me rappelle trop de choses, Valis, A scanner Darkly, le roi des clochards et mon grand père, et aussi la vieille qui fait la manche au supermarché, interrompue par son portable qui sonne. C’est toujours pareil avec les pauvres. La pauvreté efface tout, toutes les pensées, les tracas qui deviennent secondaires, alors il faut vite l’oublier, passer à autre chose. En constatant cela, c’est normale que la richesse est un niveau aussi fort d’attraction , ce sont deux pôles, qui provoquent les mêmes effets. Un car de police s’arrête au feu et lui demande de partir, juste comme ça, et il démarre pour aller dire la même chose, au des centaines d’autres personnes, tout au long de la journée, tout au long des siècles.





Il y a une maison que je regarde souvent, en rentrant de la médiathèque. Elle est attenante au cabinet d’avocat dont la façade est couverte d’une fresque d’Erro, les habitants peuvent dont la voir depuis leur fenêtre. Sur la boite aux lettre, il y a marqué : « Famille Keim ». Dans l’arrière cour, il y a une table en bois, toujours couverte d’une nappe repliée, et plus loin de l’herbe, et encore plus loin, des garages. Oui, la famille Keim est sans doute assez aisée, sans être trop riche. A la fenêtre, un Snoopy en plastique. Une autre fenêtre, un ordinateur. Des murs blancs. C’est assez charmant, joli. A la médiathèque, pendant que je fais la queue, je remarque le sac de la jeune fille devant moi, il est couvert de petit mangas, avec l’adresse d’un site web italien. Elle loue l’album de Phœnix. Elle n’est pas vraiment jeune, en fait. Dehors, je la retrouve devant moi, parce qu’elle marche très doucement, en lisant le programme culturel. Je la dépasse juste avant la maison, j’étends le bruit d’une sonnette, d’une porte qui s’ouvre, je me retourne, elle a disparu. Maintenant, je commence à connaître la famille Keim.



De plus en plus, je me dis que je suis un génie, qu’il m’appartient de changer le monde et la vision du monde, que je suis magnifique et que tout le monde tombe en admiration devant moi, c’est pour ça que j’ai tout le temps l’impression qu’ils me regardent furtivement. Je vais écrire un roman et devenir un écrivain respecté à vingt ans, on me proposera un travail culturel intéressant à la mairie, ou bien une bourse, pour avoir le temps d’écrire. Je n’aurai pas le cheveux longs des pauvres écrivains à la mode, je n’aurai pas leur voix doucereuse, ni leur manie d’imbécile, je parlerai tout le temps de musique, de comment chaque chanson a pu influencer tel ou tel paragraphe et des jeunes garçons et des jeunes filles arrêteront tout ce qu’ils faisaient pour tout bâtir à partir des mes références et de mes conseils.
Bien sûr, cela paraît totalement stupide et prétentieux. Je n’en crois pas un mot. Il faut cependant se motiver, trouver une raison de se lever le matin, de réfléchir et de sortir en affrontant le regard des autres, quand la boite aux lettres ne répond pas. En réalité, je suis le bel Antonio, comme ça seul les grands cinéphiles comprendront, je suis perdu, plein de questions, bien que j’ai plutôt bon goût.



Quelqu’un crie dehors, une voiture accélère au point mort. Ça semble plus irréel qu’il n’y paraît. Ce qui me vient à l’esprit, c’est Memories of murder, tout, toute la terre entière, les prostituées et les meurtriers, les policiers, les chanteuses danoises.
Ça a commencé simplement, par une attirance mutuelle, des regards échangés et des discussions intéressantes. En fait, ça a commencé dans le vrai monde. Et puis nous nous sommes embrassés, avant de regretter, parce que ce n’était pas possible, pas moral, qu’elle a déjà quelqu’un. Mais c’était tellement bien, et tout de même, je sentais ne pas mériter cela, je sentais que ça ne pouvait pas arriver.
Rendez-vous dans un bar aux couleurs fraîches, un soir. Elle est déjà là. Son mec n’est pas chez elle ce soir, bonne nouvelle, elle est toujours avec lui, ne compte pas le quitter, mauvaise nouvelle. Nous buvons, nous constatons qu’une fois encore, nos discussions sont sans fin et passionnées, tout nous rapproche, pas les faits, non, simplement les atomes, au dessus de tout et brisant les conventions de l’attirance. Elle m’invite chez elle. Vite, naturellement, sans mots inconsistants, nous nous embrassons, nous nous déshabillons, nous murmurons des choses, je ne peux pas me passer de toi, je t’aime et tout est, car nous le pensons en l’instant précis, comment pourrait-il en être autrement. Nous faisons l’amour. Je vois la couleur de ses cheveux, blonds, ses pieds doux, et chaque partie de son corps, aimante et accueillante, elles veulent toutes me connaître. Je l’implore, je la remercie, je lui dis à quel point ceci est un rêve, à quel point c’est beau et simple. Elle acquiesce, il n’y a qu’une seule condition : nous ne serons jamais un couple.


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